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C’est
comme une claque. On se pose quelques secondes, juste le temps de s’apercevoir
qu’il manque quelqu’un, où qu’on soit, et que toutes les phrases qu’on déroule
en silence lui sont adressées. Et plus on y pense, plus on se rend compte que c’est
comme ça depuis des lustres, depuis toujours même, que c’est la personne à qui
on parle depuis toujours, et putain qu’est ce que c’est beau de pouvoir enfin
lui parler vraiment, et de brûler pour lui tous les parchemins de confessions
et d’envies qu’on avait gardé bien précieusement.
Et
puis on voudrait qu’il soit là, et on voudrait jouir, parce que des révélations
comme ça, ca mérite tous les feux d’artifices du monde, surtout ceux qu’on
garde bien ancrés tout au fond de soi. L’extase ne s’arrête jamais ou presque, on
se consume entier d’émerveillement.
Comme
quand on se sait vivre un moment qu’on aurait voulu vivre avec personne d’autre,
et que ces moments sont tant des frissons de quotidiens que des éclats d’existence.
On voudrait que ce soit toujours comme ça, et on flippe que ce ne soit pas le
cas, de pas être à la hauteur du beau, parce qu’on peut le traverser sans le
voir, mais encore faut il pouvoir l’assumer quand on prend conscience. Alors on
tremble et on serre le trésor dans ses bras, on pose sa tête sur son torse, et
on voudrait crier un tas de choses, mais y a des larmes engluées dans les mots,
ça devient des murmures maladroits ou des silences brûlants. On se dévore pour être
sûr de ne pas se perdre, on s’éclate contre des miroirs, contre des murs, et le
carrelage fait parfois mal mais c’est pour mieux s’assurer que c’est vrai, on
met toute la violence du monde à s’aimer, et on a le ventre qui se serre et le
sexe qui se réveille dans un souvenir du lendemain, quand on pense à l’absent et
qu’on le cherche dans une illusion de coin de rue.
On
sait que c’est lui, et c’est tout. Le reste n’a pas d’importance.