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Viens en baver.


Alors tu veux du choc ? Tu veux de l’enfance assassinée, de l’adolescence meurtrie ? Je le sais, tu voudrais des soleils éteints et des explosions incestueuses, des claquements de doigts et  des insultes. Que je pose des lignes entières sur des vies gâchées, en déchirant des cœurs, en triturant leur tête, en bafouant leur corps, c’est ce que tu as envie de lire, les paquets de misère traînés dans la boue.

Le beau et le clinquant, ça t’intéresse pas, les contes de fées c’est dépassé. On ne rêve plus de mieux, on se délecte du pire. Tu veux que la princesse couche le premier soir et qu’elle choppe le Sida. Que j’inonde mes pages d’alcool, de coke, et que mes héroïnes aient de jolis coquards et des côtes cassées. Si elles peuvent avoir des séquelles de leur traumatisme crânien, c’est même mieux, et qu’elles soient violées par un médecin lubrique, ce serait parfait.

Lire ça pour que tu puisses te dire que si t’avais eu une vie similaire, ça t’aurait collé une putain de bonne raison de t’automutiler l’existence, donné une raison d’être à la boule au ventre. Alors tu demandes du témoignage voyeuriste pour t’identifier un peu. Te dire que l’homme blessé, juste là, c’est un peu toi. Juste pour t’implanter la violence au-dedans et chialer par procuration.

 

T’as jamais voulu d’une vie plus belle, t’as même jamais cru à l’amour. T’as réussi à te convaincre qu’il fallait baiser beaucoup pour gommer la tête et les cris à l’intérieur, même baiser mal, tant qu’on transpire assez sur la peau de l’autre pour purger un peu. Te glisser dans les lits des autres pour oublier l’odeur de tes cauchemars.

Tu lis pour exorciser, chéri, et tu demandes que je t’invente des mondes où tu pourrais hurler à pleine rage les absences qui t’habitent sans choquer personne. Tu voudrais que je me foute le bonheur contre un mur avec toi, que je me flingue l’espoir et l’utopie. Elles te font peur, mes illusions, et toutes les poches que j’en ai remplies pour maintenir l’équilibre.

 

Alors je te noircis des pages entières de drames urbains, je t’écris le trottoir et le sang dessus, les immeubles contre lesquels on se plaque pour se coller des coups de reins désespérés, et la tête du gamin quand le père ne frappe plus. Je m’abîme l’innocence à faire la manche sur des pavés détrempés, juste pour le soulagement dans ton regard. Quitte à me faire sauter la carcasse en convulsion contre ton canon de mal être.

Tu pourras pleurer, comme ça.


Ecrit par myna, à 22:38 dans la rubrique "Et lorsque vient la nuit".