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Metamorphosis Two.



J’ai toujours peur du vide, tu sais. De l’ennui et des murs trop blancs. Ca me surprend la nuit, quand t’es pas là, quand le seul sentiment auquel me raccrocher, c’est le manque. J’avale des pavés lumineux pour oublier, mais ça revient toujours, en sursauts indigestes, des crampes à l’être et à l’avoir. Ces moments où je ne conjugue mon Verbe qu’à l’impératif, et où rien ne m’obéit, surtout pas moi-même. Calfeutrée dans mes sourires, je dessine des faux semblants où il fait moins froid.

Alors c’est venu comme ça, comme un souffle, quand j’ai ouvert la porte. J’avais ouvert la fenêtre, et il y avait ce bruit, cette ville tellement pleine que je n’ai jamais su par où la mordre. Un bijou qu’on ne m’offrira jamais.

Et lui, il venait de là bas, y avait quelque chose de brillant dans ses yeux, alors je devais l’éteindre. J’ai lâché la serviette qui me couvrait et j’ai approché mes mains de sa tête. Et j’ai appuyé fort, fort, sur yeux. Il a pas eu le temps de hurler, je l’ai tiré sur moi et fermé la porte, j’ai pressé mon corps contre le sien. Il se tenait la tête et j’existais déjà plus pour lui. J’étais que de passage dans sa vie, un quart de seconde, et déjà il était retourné à son égocentrisme de sale type qui a connu le paradis. Et qui ne veut pas le partager. Si encore, il m’avait pris par la main pour m’emmener dehors, peut être que j’aurais pas eu peur, peut être que j’aurais suivi. Et je n’aurais pas eu besoin de le punir.

J’ai mis de la musique, pour couvrir ses sanglots. Une belle nocturne en C mineur. Je suis allée chercher le rasoir. Il a tâché de rouge le carrelage trop blanc, et j’avais enfin une couleur à laquelle me raccrocher quand il serait parti et que je serais à nouveau seule. Presque reconnaissante, j’ai arrêté de lui faire mal. J’ai planté mon doigt directement dans son cœur, pour lui montrer, et j’ai désactivé le muscle d’une pichenette.

Et comme après, je ne savais plus quoi faire pour m’occuper en t’attendant, j’ai dessiné des cœurs à l’encre sur sa peau, avec ton nom dedans.

 

J’ai fermé les fenêtres et j’ai barbouillé le sol des tâches qu’il avait faites. Il s’est même pas défendu, il devait avoir mal aux yeux, sûrement, il a continué longtemps à me fixer l’air mauvais après. Mais j’aimais bien qu’il me regarde.

 

Pourquoi tu cries, mon amour ?

J’ai fermé ses paupières, tu sais. Et je suis redevenue seule.

Toi, tu connais la ville et ses bruits, mais t’as peur pour moi. Peur que je m’effondre, tu dis, devant le trop grand, le trop plein. Tu m’y emmèneras un jour, tu promets, tu jures.

Je crache sur tes promesses. J’efface les cœurs. Je garde ton nom. Je baisse les stores.

 

Tu sais bien, mon amour, que je n’aime que toi. Mais j’ai peur du vide. Et je tombe à chaque fois, je trébuche sur les cailloux de solitudes. Il y a du sable dans mes jointures. Chut. Ne dis plus rien. Peint moi des étoiles et des rues, fais taire le blanc qui me nargue, assassine les murs et mes cauchemars. Et le silence qui m’entoure n’a de valeur que si tu es là pour le partager avec moi. Chiffon de ventre et poids des histoires. Tout ce monde dans ma tête, et des discussions un peu plates sur lesquelles je ne m’éternise pas. Les produits de mon imagination n’ont pas grand-chose à raconter.

 

Viens, allons nous coucher. Je suis épuisée. Ecrase-moi sous ton bras, je vais me lover dans ton odeur.  

Demain, il faudra se débarrasser de lui. Il m’ennuie, maintenant.

 

 

Ecrit par myna, à 21:50 dans la rubrique "Et lorsque vient la nuit".